Voici mon histoire...
« Vous me racontez encore une histoire mère ? » Ce que j’aimais ces moments que nous partagions toutes les deux lorsque mon père était en voyage. Quand il était présent il ne supportait pas qu’elle passe du temps avec moi, selon lui le devoir d’une femme était de s’occuper du bon fonctionnement de la maison. Les enfants devaient être confiés aux nourrices. Quant à son avis sur les contes de fées il loin d’être bon. Celui lui ces enfantillages ne servait qu’à nous faire attendre des princes charmants qui ne viendraient jamais et nous poussait à croire qu’il fallait faire un mariage d’amour au lieu d’un mariage d’intérêt. Autant vous dire que j’avais toujours sût que mes parents n’avait pas fait un mariage d’amour… Ma mère m’avait fait promettre en secret de ne pas faire comme elle et j’avais beau n’avoir que cinq ans, je savais que je ferais tout pour la tenir.
« Il était une fois dans un pays fort lointain... » Il ne me fallut pas longtemps avant de sombrer dans le sommeil.
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« Elena, ça suffit les grandes eaux maintenant. Séchez ces larmes et tenez vous bien. Vous devez paraître forte, comme toute fille de bonne famille. » Je jetais un regard noir à mon père tout en essuyant les larmes qui coulaient sur mes joues. Aujourd’hui nous enterrions ma mère et j’avais l’impression qu’il n’en avait rien à faire. J’avais dix ans et tout ce à quoi il pensait un jour comme aujourd’hui c’était que si je paraissais trop faible je ne serais plus difficile à marier. Il m’arrivait par fois d’en vouloir à ma mère d’avoir succombée à cette maladie, elle me laissait seule avec cet homme détestable…
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« Elena ça suffit maintenant posez ce livre, les hommes n’aiment pas les femmes trop intelligentes, vous devriez le savoir. » Je roulais des yeux en entendant une stupidité pareille. De toute façon je n’avais pas le droit de faire grand chose avec lui, à part mes stupides courts de piano et de dessin censés pouvoir faire de moi une épouse agréable. Je t’en fouterais de l’épouse agréable moi si elle se contentait de faire des stupides croquis sans être capable de tenir une conversation.
« C’est les hommes stupides qui ont peur des femmes intelligentes et je ne compte pas épouser un homme idiots… » Répondis-je en le fusillant du regard.
« Comme si vous aviez votre mot à dire sur la personne que vous épouserez… Vous ferez ce qu’on vous dira voilà tout. » Je poussais un soupir, en me faisant la promesse de tout faire pour repousser les possibles prétendants. J’avais de la chance à quatorze ans j’allais encore attendre une année ou deux avant d’être présentées dans le monde et considérée comme bonne à mariée. Une chose était sûre si c’était mon père qui choisissait mon mari j’étais mal barré concernant l’intelligence de celui-ci. Mon paternel était un homme d’affaire redoutable mais c’était à peu près tout ce qu’on pouvait dire de lui…
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« Elena je te présente Mr Fraser, il sera mon garde du corps quand je partirais en voyage et veillera sur toi le reste du temps. » Alors que j’allais protester que je n’avais pas besoin d’un garde du corps, j’étais une grande fille – j’avais survécu quinze années sans, je pouvais toujours continuer non ? – mes yeux se posaient sur l’homme en question… Il était vraiment très... Enfin, je n’étais vraiment contre le fait qu’il s’occupe de garder mon corps. Me donnant des baffes mentalement je me composais un visage neutre digne de la fille de bonne famille que j’étais censée être.
« Enchantée Mr Fraser. » Dis-je en hochant la tête. Pour une fois j’étais ravie d’une décision prise par mon père, avoir ce garde du corps trainant à la maison risquait d’être intéressant… M’enfin aussi séduisant soit-il j’étais toujours contre l’idée d’avoir quelqu’un surveillant mes faits et gestes quand mon père n’était pas en voyage.
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« Père, j’ai rencontré un homme qui me plait vraiment et … » Commençais-je un soir. Cela faisait plusieurs années que Duncan travaillait avec lui et nous avions tissé des liens vraiment très solides. Il était intelligent, ne parlait jamais pour ne rien dire et était vraiment quelqu’un de très doux. Bref je pouvais dire sans hésiter que j’étais amoureuse de l’homme – et pas seulement de son physique avantageux – et si je savais que mon père espérait que je fasse un mariage permettant d’anoblir notre famille j’avais toujours espoir qu’il prenne en compte mes sentiments.
« Hors de question Elena, tu épouseras qui je te dirais et rien d’autre. » Commença-t-il m’interrompant et coupant court à tout espoir que j’aurais pu avoir, la suite n’était guère mieux.
« Et puis j’ai déjà accepté la proposition de Mr Beauchamp. » Je laissais tomber ma fourchette dans mon assiette. Il ne pouvait pas être sérieux, pas lui, pas ce foutu psychopathe… Sa femme – la première – avait disparu dans de mystérieuses conditions non résolues.
« Vous plaisantez ? Vous voulez qu’il me tue ou quoi ? Cet homme est plus que dangereux ! Il est hors de question que je l’épouse. Hors de question… » C’était bien l’une des rares fois que je lui tenait tête ouvertement mais là… Il tenait tant que ça à se débarrasser de moi ou il avait vraiment un pois chiche à la place du cerveau.
« Ça suffit ! » Tonna-il.
« Pour une fois vous ferrez ce qu’on vous dit. Et je vous préviens si jamais vous essayez de recourir à vos stratagèmes précédents pour faire fuir vos prétendants je vais sévir Elena. » Sa menace non masquée me fit frissonner. Les dernières fois j’avais eu le droit à de violents coup de ceintures pour avoir repousser les hommes qui voulaient ma main – pas de ma faute si le fait de leur montrer que j’étais clairement plus maligne qu’eux les avaient effrayés – cet homme était passé expert pour frapper sans laisser de marques durables. Il allait falloir que je joue de façon plus subtile cette fois ci. Mais jamais au grand jamais je n’épouserais Mr Beauchamp.
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« Tu te rend compte Mr Beauchamp ? Il est complètement malade c’est pas possible autrement… » J’avais retrouvé Duncan à notre lieu de rendez vous habituel – la bibliothèque, mon père n’y venait jamais, je ne savais même pas si il avait ouvert un livre une seule fois dans sa vie. Peut être qu’il pensait que ces choses là mordaient, vu comme il détestait me voir avec…
« Je ne peux pas l’épouser Duncan, et je ne veux pas non plus. Ce n’est pas avec lui que je me marier. Je m’en fiche de sa fortune ou de ses titres… » Dis-je en me mordillant la lèvre. Nous savions tout les deux quel était la personne que je voulais vraiment, elle se trouvait ici même dans cette pièce. L’espace d’un instant j’eu très envie d’envoyer paître toutes ces foutues règles de bienséance, peut être que si j’étais « souillée » au moins on me foutrais la paix. Mais une petite voix me souffla que mon idée n’était pas si bonne que ça finalement…
« Je vais tout faire pour que ce mariage n’ai pas lieu, mais si jamais j’échoue je devrais fuir Duncan. Est-ce que tu voudrais bien m’apprendre à me battre ? Que je puisse survivre si jamais je quitte ce pays ? » ***************
« Non ma petite dame vous pouvez pas monter à bord. C’bien connu que les femmes portent malheur sur les bateaux. » Raaah bon sang c’était au moins le dixième capitaine qui me claquait la porte au nez. Je devais absolument quitter le pays ce soir, le mariage avait lieux demain et il était clairement hors de question que j’y assiste. J’avais réussi à gagner un an et demi entre l’annonce de mon père et le moment du mariage – entre la cour officielle, l’organisation du mariage et mes caprices pour avoir dans ma robe des matériaux très difficile à trouver sous prétexte que sinon je n’aurais pas l’air assez noble. Aujourd’hui j’étais officiellement sortit sous la garde de Duncan pour aller récupérer ma tenue qui était maintenant terminée. J’avais profitée de cette sortie pour échapper à la surveillance de mon protecteur et m’enfuir – du moins officiellement, puisqu’officieusement Duncan m’aidait à trouver où aller. Nous avions même mis en scène ma fuite pour que des témoins puisse attester de tout ça.
« Tu peux venir sur mon bateau si tu veux. » Je me tournais vers la voix qui venait de parler, elle appartenait à une jeune femme à l’air pas si fragile que ça. Je regardais l’étendard du bateau, un navire de pirate pourquoi après tout… Tout était mieux que de rester ici.
« Par contre je te préviens, si tu nous rejoins on ne te traiteras pas comme une gentille petite noble, tu auras ta part de travail à faire comme tout le monde. » J’hochais la tête. Justement j’en avais assez d’être une gentille petite noble obéissante, je voulais être moi même.
« Aucun problème. » Je me tournais vers Duncan, ça y était le moment de me séparer de lui était arrivé. Après près de dix ans a espéré une fin heureuse pour nous deux il n’y en aurait finalement aucune… Je fis alors la seule chose que j’avais envie de faire et tant pis si elle était complètement inconvenante – d’autant plus que nous étions à la vue de tous – et l’embrassait. C’était un vrai baiser fougueux, plein d’amour et de tout l’espoir que j’avais placé en nous. Mais c’était surtout un baiser d’adieu.
« Merci pour tout Duncan. Adieu. » Dis-je avant de partir sans me retourner, serrant bien fort mon petit paquet contenant mes effets personnels. Je n’avais pris que quelques vêtements, des livres et la dague qu’il m’avait offerte, rien de plus…
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Depuis un an je suis maintenant un pirate. On peut dire que je me suis bien faite à ma nouvelle vie. Elle est loin la gentille petite noble coincée que j’étais avant, disparue. La seule chose qui me manque de cette ancienne vie est Duncan et tous les hommes que j’ai pu rencontrer entre temps n’y ont rien changé. En tout cas, j’aime plutôt pas mal pour cette nouvelle vie et il semble que pour voler et arnaquer je sois plutôt bonne – surtout quand il s’agit de berner des nobles…